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Retour 22.09.2025

AlpTextyles : vers une nouvelle filière alpine des teintures végétales

Après avoir relancé la production locale d’un indigo naturel à base de Pastel des teinturiers, Mediplant poursuit son engagement en faveur d’une teinture textile plus durable à travers le projet européen AlpTextyles. L’objectif ? Co-construire une filière alpine basée sur les pigments végétaux et les savoir-faire traditionnels, en lien avec des partenaires en Suisse et à l’étranger.


Porté par une vision à la fois scientifique, artisanale et collaborative, ce projet donne un nouveau souffle à la phytochimie appliquée au textile. Audrey Kuhn, business developer chez Mediplant, nous partage son regard sur les enjeux de cette démarche, où transmission, innovation et coopération dessinent un avenir plus responsable pour l’industrie textile.


Quel rôle joue Mediplant dans le projet Interreg AlpTextyles ?

Mediplant est le partenaire de développement des teintures naturelles dans le cadre du projet européen AlpTextyles. Nous avons été invités à participer suite justement à notre travail sur la production d’indigo naturel, travail soutenu par la fondation The Ark au cours du projet « Indido des Alpes ». Depuis, nous étudions continument le potentiel tinctorial ou de traitement de la fibre, de toute plante ou matière végétale locale. Et c’est dans ce cadre, que nous avons pu financer le stage de diplôme de Master de Juliette Gomez, étudiante en phytochimie à l’université de Corte (Corse, FR). Son excellent travail de recherche et d’étude au laboratoire aura fourni nombre de résultats prometteurs et un avancement conséquent sur le développement des pigments et mordants naturels.


Comment les savoirs ancestraux influencent-ils les recherches actuelles sur les teintures naturelles ?

Nos recherches actuelles reposent sur les savoirs et savoir-faire ancestraux, surtout en matière de « phytochimie » ; ces derniers étaient immensément riches et précis, même sans technologies modernes. Les connaissances et méthodes traditionnelles sont un puit de science appliquée, parfois très difficile à reproduire aujourd’hui.


Que vous apporte la dimension européenne du projet ? 

Le fait de pouvoir collaborer avec différents partenaires européens (France, Italie, Slovénie, Autriche et Allemagne) est une chance énorme pour faire connaître Mediplant au-delà des frontières de la Confédération ; avec en même temps, un retentissement au niveau national, comme dans la collaboration avec la filature Laines d’ici du canton de Neuchâtel et au niveau cantonal avec l’Ecole de Couture du Valais. Les interactions et mise en relation avec de nouveaux partenaires à l’échelle européenne se multiplient depuis le début du projet. 


Avez-vous déjà engagé des collaborations techniques ou créatives avec les partenaires étrangers ?
 
Oui absolument, nous avons très rapidement pu faire tester nos pigments et colorants naturels à des artistes slovènes et françaises. Collaborations créatives aussi avec l’association Laines d’ici de Cernier et avec un étudiant de l’Ecole de Couture du Valais. Leurs créations respectives ont été présentées à Milan lors du salon international du textile Milano Unica, début juillet 2025. 

Collaboration technique avec Chimicalia (Cousset, Fribourg) pour les essais de teinture de laine avec l’indigo et essais avec d’autres teintes naturelles fabriquées par Mediplant sur une machine pour teinture naturelle à l’échelle semi-industrielle en France chez Sandrine Rozier, avec d’excellents résultats. Depuis les toutes premières productions, les tests de qualité de l’indigo ont été effectués par RedElec Technologie (Riddes). Nous allons également pouvoir faire tester la qualité d’autres pigments dans un laboratoire d’analyses expert du textile en Italie, près de Milan.


Quels sont les premiers retours sur les tests de teinture (coton, lin, laine) réalisés dans le cadre du projet ?

Toutes les teintes naturelles produites par Mediplant ont donné de beaux résultats sur laine et/ou lin. L’extrait d’écorce de mélèze notamment, est un très bon candidat qui donne une coloration très solide et qui ne nécessite ni mordançage, ni traitement de fixation, et ce aussi bien sur laine que sur lin. Il s’agit en plus d’un sous-produit issu du triage forestier pour lequel nous avons trouvé une valorisation ; démarche qui s’inscrit dans le développement d’une économie locale circulaire et durable.


Quel est le potentiel, selon vous, pour construire une filière alpine commune autour des teintures végétales ?

C’est toute une filière alpine du textile qui peut être recréée selon moi.  Nous avons les ressources, les savoir-faire, les technologies, les besoins et envies…Le projet AlpTextyles pose le modèle de la dynamique à suivre et à développer ! Il faut y aller progressivement et selon les principes de l’économie de la modestie. Il n’est plus réaliste à mon sens de monter des plans capitalistiques de surproduction visant la surconsommation, mais plutôt de savoir faire preuve d’humilité et d’entraide, de responsabilisation de nos actions par rapport aux générations futures, d’échanges et de partage pour une implication de l’ensemble des acteurs économiques.
Rien que pour les teintures végétales et autres pigments naturels, les champs d’application seraient divers et variés.

 

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