Un modèle innovant pour l’industrialisation des teintures naturelles
Alors que les premiers résultats du projet Indigo des Alpes et du programme européen AlpTextyles ont démontré la faisabilité technique et écologique de teintures végétales locales, Mediplant s’engage désormais dans une nouvelle phase : celle de l’industrialisation. Audrey Kuhn, business developer chez Mediplant, partage ici sa vision d’un modèle innovant et durable, capable de faire émerger une microfilière textile enracinée dans les ressources naturelles et les savoir-faire régionaux. De l’artisanat à l’industrie, l’enjeu est clair : créer des chaînes de valeur responsables et pérennes autour des pigments végétaux.
Avec l’Indigo des Alpes et le projet AlpTextyles, Mediplant a démontré qu’il est possible d’allier traditions ancestrales, science moderne et durabilité. Mais le défi ne s’arrête pas là : l’heure est à la structuration d’une microfilière capable de répondre aux besoins des marchés textiles, de l’artisanat au prêt-à-porter en passant par le luxe ou le technique.
De la production à façon d’extraits végétaux à la recherche de partenaires industriels engagés, Mediplant amorce aujourd’hui une phase stratégique de son développement. Pour Audrey Kuhn, business developer, les pigments naturels ont le pouvoir de régénérer toute une économie textile, à taille humaine, circulaire et interconnectée.
À ce stade du projet, quel serait pour vous le MVP (produit minimum viable) prêt à être présenté à des partenaires industriels ?
Nous pouvons proposer la production à façon d’extraits liquides concentrés de plantes tinctoriales, telle l’Alchémille, destinés à l’emploi dans des équipements semi-industriels de teinture naturelle ou encore pour des tests dans des procédés industriels de teinture textile. La production pilote en prestation exclusive de poudre d’indigo naturel est une autre prestation possible. Enfin, il est aussi tout à fait envisageable de travailler sous mandat privé et confidentiel sur le développement et la production d’une teinte naturelle bien spécifique.
Quels usages ou marchés visez-vous en priorité (prêt-à-porter, artisanat, textile technique, luxe...) ?
Nous sommes ouverts à tous les marchés intéressés à développer la teinture naturelle ! Tout est ensuite question de quantité et de temps. Bien évidemment, les emplois dans l’artisanat, les arts et spectacles sont aujourd’hui les plus développés et accessibles. Néanmoins les potentiels dans les autres secteurs sont nombreux, même pourquoi pas dans le textile technique, avec par exemple une teinture à l’écorce de mélèze qui pourrait conférer des propriétés hydrofuges et antimicrobiennes au tissu (recherches en cours).
Quels types de partenaires recherchez-vous actuellement pour franchir l’étape de l’industrialisation ?
Il y a d’une part la nécessité de travailler avec des experts de la chimie des complexes et avec des teinturiers. et d’autre part le besoin d’être mandaté par des PME européennes pour le développement et la production des extraits végétaux destinés à la teinture naturelle. Car c’est cette échelle industrielle « moyenne » qui est manquante et qui a le potentiel de redynamiser la production textile locale. Il s’agit aussi de re-créer un lien entre l’artisanat et l’industrie.
Avez-vous déjà entamé des discussions concrètes avec des marques, ateliers textiles ou fabricants d’équipements ?
Oui, grâce aux rencontres et collaborations sur le projet AlpTextyles, des discussions concrètes sont en cours sur le développement de MVP mentionné plus haut.
Comment imaginez-vous l’évolution de cette microfilière dans les 3 à 5 prochaines années ?
Le développement futur de ces « micro »-filières sera possible selon moi grâce à la mise en réseau, à la collaboration et la coopération des différents partenaires actifs à l’échelle moyenne et locale. Dans le secteur textile, comme dans d’autres, c’est un « redimensionnement » nécessaire et de nouvelles habitudes de consommation qui seront la clé du succès.
Quel serait votre message clé aux acteurs du textile en quête de solutions plus durables ?
D’abord, j’aime à croire que tous les acteurs du textile sont tous déjà en quête de solutions plus durables, puisque même les plus gros sont confrontés à la difficulté d’approvisionnement correspondant à leurs volumes de production !
Le message est le suivant : les pigments et colorants naturels seront les graines qui feront germer un nouvel écosystème circulaire et durable de production textile et à partir desquelles de nouvelles chaînes de valeur pourront être créées. Elles soutiendront la progression d’une économie « entremêlée » (ou interconnectée) pleine d’humanité, de modestie et riche en diversité.
Les teintures naturelles lumineuses et solides existent ! Adressez-nous vos souhaits de couleurs, vos recherches de teintes et valorisons de manière responsable de nos ressources naturelles pour embellir les textiles de l’avenir.